J’ai peur de m’avoir reculé trop
dans ces mots cette année,
qui m’ont protégé de la solitude,
de la douleur du rien qui s’est imposé sur nous.
Et surtout j’ai peur de ne pas pouvoir retourner
au normal quand il reviendra,
car je m’aurais trouvé trop bien ailleurs, ici
où les jours n’importent plus,
où les heures ne me manipulent plus,
où je ne suis plus dépaysé par la vitesse,
par la sensation de rien représenter,
où la paix est récupérable
dans la vue des choses si simples
comme les couleurs de tous les jours.
Mais j’ai peur, parce que je suis condamné
à ma fantasme d’avant,
qui me voulais fictive,
pas réelle, une simple dimension
pour en jouir, comme un bouquin.
Désormais je ne crois plus en moi-même,
et la réalité qui m’approche sournoisement
me menace.
J’ai peur, parce que ces mots m’importent plus que la compagnie,
et la compagnie me manque,
mais seulement cela des danseurs inconnus,
avec qui je partageais des nuits obscurcis,
qui rinçaient les silences de la solitude,
en partageant de la révolte,
des rêves et des futurs sans espoir,
sans verser voire un mot.
J’ai peur de la compagnie, et j’ai craigne surtout
d’en être dépendant,
j’ai tellement peur du douleur potentiel,
ou bien fatal,
de l’abandon.
Je l’évite en restant seule,
où bien dans la compagnie de ceux
qui sont tout autant éteints.
J’ai peur, parce que j’ai pu m’abstenir du
rôle désirable duquel je n’accomplisais jamais,
mais en m’en distançant, j’ai complètement oublié
comment me réinsérer dans la civilisation
sans y être bannie.
Je ne sais pas fuir de cet identité
sans m’éloigner encore plus
dans mes illusions.
~
SJL 31/12/20